Adolphe Monticelli, Vincent van Gogh, Pablo Picasso, Sigmar Polke, Giorgio De Chirico, Germaine Richier, Alexander Calder, Joan Mitchell, Etel Adnan, Sun Ra
Fondation Van Gogh
du 21 avril au 28 octobre 2018 | vernissage le 20 avril 2018
Photo ci-dessus : Vincent van Gogh, Moissons en Provence, juin 1888. Huile sur toile, 51 x 60 cm. Israël Museum, Jérusalem.
La Fondation Vincent van Gogh Arles propose à partir du 21 avril 2018 une exposition thématique majeure s’intitulant « Soleil Chaud, Soleil Tardif. Les modernes indomptés », qui réunit des prêts exceptionnels d’œuvres de Vincent van Gogh et Pablo Picasso.
Cette exposition thématique s’engage dans une libre exploration du soleil entendu comme une métaphore questionnant le rapport des artistes d’une part à la Méditerranée – aire d’expérimentation – et d’autre part au modernisme et au postmodernisme. Elle réunit des prêts exceptionnels de tableaux de Vincent van Gogh, des œuvres tardives de Pablo Picasso et d’Alexander Calder, mais aussi d’Etel Adnan, Giorgio De Chirico, Adolphe Monticelli, Sigmar Polke, Germaine Richier, Joan Mitchell et le musicien Sun Ra. « Soleil chaud, soleil tardif » dessine les contours d’une famille d’artistes dont les origines remonteraient à Adolphe Monticelli qui figure, aux côtés de Jean-François Millet, dans le panthéon des artistes ayant inspiré Vincent van Gogh.
Flamboiement au sommet, « le soleil chaud » symbolise un modernisme à son apogée s’incarnant dans le travail de Van Gogh dès février 1888, lorsqu’il découvre la Provence. Lumière déclinante, « le soleil tardif » se retrouve quant à lui dans l’œuvre du « dernier » Picasso. Chez celui-ci, le point culminant du tardif concorde naturellement avec son âge avancé. Habité par un sentiment d’urgence, il a recours à l’abréviation formelle – telle qu’elle s’exprime dans Le Vieil Homme, peint en 1970 à Mougins. Une peinture hâtive, fluide – autrefois qualifiée de « barbouillage » mais avant tout libérée du passé – caractérise les sept toiles réunies dans l’exposition, peintes de 1970 à 1973. Picasso habite alors à Notre-Dame-de-Vie, à Mougins. Tête d’homme au chapeau de paille (1971) – un tableau d’été – évoque sans détour Van Gogh qui partage avec Picasso ce mouvement de et dans la peinture que l’on peut attribuer à Monticelli. Si la « période tardive » est communément associée à un art riche d’inventions formelles chez Picasso, elle est, chez Giorgio De Chirico, une période de réélaboration de thèmes antérieurs, tel le motif du soleil sur chevalet. Ses autoportraits, sorte de travestissements aux accents néobaroques, reviennent tout au long de sa carrière et reflètent cet art de la scénarisation de soi, obsession des peintres, qu’il pousse jusqu’à la limite du risible.
Pablo Picasso, Tête d’homme au chapeau de paille, Mougins, 26 juillet 1971. Huile sur toile, 91,5 x 73 cm. Musée national Picasso-Paris. © Succession Picasso 201
Les lueurs du postmodernisme apparaissent dans les œuvres d’une autre génération d’artistes à laquelle appartient Sigmar Polke. Son Moderne Kunst (1968) affiche l’ironie d’un jeune artiste vis-à-vis des pères de l’art moderne dont il parodie les écritures picturales et les slogans. Par ailleurs, dans ses œuvres postérieures telles que Lapis-Lazuli II (1994), l’utilisation du précieux pigment bleu outremer issu d’une pierre fine permet à Polke de convoquer les histoires de la divinisation de la couleur, de l’humanité et d’une minéralité arrivée par la route de la soie. Le bleu, omniprésent dans la nature, représente aussi ici le ciel et la Méditerranée.
Sigmar Polke, Moderne Kunst, 1968. Acrylique et laque sur toile, 150 x 125 cm. Froehlich Collection, Stuttgart.
Les autres œuvres de l’exposition nous conduisent au soleil absolu, au dieu soleil et à la « chaleur ardente » d’un astre représenté comme une boule chez Calder. Figure majeure de l’art moderne, Alexander Calder est célèbre pour ses mobiles et ses stabiles. La Fondation présente une sélection de gouaches des années 1970 aux couleurs primaires et aux formes stylisées qui révèlent une continuité organique et graphique entre son travail de sculpture et son œuvre gravée. La production visuelle d’Etel Adnan, connue par ailleurs pour ses écrits, découle d’une relation plus spirituelle avec le monde. Ses paysages, dont ceux de la série Le Poids du monde, offrent une mémoire ouverte. L’artiste écrit à leur propos : « Vous ne reconnaissez pas ce paysage, car ce n’est pas un paysage particulier, c’est peut-être un souvenir d’un paysage particulier1 ». L’exposition tend naturellement vers un soleil cosmique qu’incarne la vision du musicien Sun Ra.
Commissaire de l’exposition : Bice Curiger
1. Extrait de The poetry of paint: an interview with Etel Adnan, interview par Anna Coatman, 2 juin 2016, RA Magazine, été 2016, consultable en ligne sur https://www.royalacademy.org.uk/article/ramagazine-etel-adnan-interview