Aborigène – Régine Chiffe

Vibrations (Exposition collective)

Église des Trinitaires

Du 6 août au 27 septembre 2020

Vernissage dimanche 9 août à 18h

Tous les jours de 11h à 13h et de 14h à 18h
Entrée libre

Âmes Arboricoles

Régine Chiffe / photographe

Artiste photographe autodidacte venue sur le tard à la photo et à l’informatique, je réside au cœur du delta de la Camargue où je suis née en 1961. Depuis toujours en communion avec la nature et les énergies du vivant je cherche la lumière furtive qui sublime les couleurs et les contours. Mon regard est tout autant celui du photographe que celui du peintre ou du sculpteur. Après la prise de vue, je laisse les images cheminer vers les confins de l’imaginaire, puis s’imbriquer jusqu’à ce se fondre, calque après calque, dans un tableau pictural sans jamais s’offrir à la palette du peintre. J’aime communiquer d’âme à âme et réveiller ou éveiller cette essence lumineuse trop souvent tapie dans nos tréfonds, car c’est elle qui colore notre existence, elle est notre force de vie, de résilience.

Lors de mes promenades contemplatives dans les bois, je suis interpellée par une multitude de personnages gravés à même le tronc des arbres, et lorsqu’un rai de lumière perce l’intimité des sous-bois, de chênes en lauriers, platanes, acacias et cyprès, mon objectif saisit ces figurines inspirées. Ensuite je me contente de mettre en avant les sujets qui me « parlent » sans ajouter ni ôter un quelconque trait au graphisme naturel déjà si riche. Ainsi, de stigmates en microfissures sculptées par le temps ou divers animaux, je modifie les couleurs, la lumière et les contrastes pour mettre en exergue ce que Dame Nature offre à mon regard, celui de mon enfant intérieur. Bien qu’utilisant le même procédé, les mêmes moyens techniques pour chacune de ces réalisations, le résultat se décline en multiples variations grâce aux particularités propres à chaque essence ainsi qu’à l’unicité de chaque spécimen.
Je ne cesserai jamais d’être éblouie par la créativité inépuisable de l’univers.

La petite histoire des Âmes Arboricoles

Dans mes songes il était une fois
Un enfant qui vivait dans les bois.
Un jour, il observa curieux et fébrile
Un autre enfant, venu lui de la ville,
Absorbé par son livre de coloriage.
Sur le champ il se mit à l’ouvrage,
Il emprunta tous les bleus du ciel
Les jaunes et les orangés du soleil
Et coloria les personnages sculptés
Sur les arbres de la forêt enchantée.

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Self-taught artist photographer who came late to photography and computing, I live in the heart of the Camargue delta where I was born in 1961. I have always been in communion with nature and the energies of life, searching for sublime colors and contours. My eyes are as much those of the photographer as those of the painter or the sculptor. After shooting, I let the images travel to the limits of the imagination, then interweave until they blend, layer after layer, into a pictorial painting without ever offering themselves to the painter’s palette. I like to communicate from soul to soul and awaken or awaken this luminous essence too often lurking in our depths, because it is it that colors our existence, it is our life force, force of resilience.

During my contemplative walks in the woods, I am challenged by a multitude of characters engraved on the trunk of the trees. And when a ray of light pierces the intimacy of the undergrowth, from oaks to laurels, plane trees, acacias and cypress, my lens is grabbing these inspired figurines. Then I just highlight the subjects that « speak » to me without adding or removing any feature of the natural graphics already so rich. Thus, from stigmata to microcracks sculpted by time or by various animals, I modify the colors, the light and the contrasts to highlight what Mother Nature offers to my gaze, that of my inner child. Although using the same process, the same technical means for each of these achievements, the result features multiple variations thanks to the specific characteristics of each species as well as the uniqueness of each specimen.

I will never cease to be dazzled by the inexhaustible creativity of the universe.

The little story of « Arboric Souls »

In my dreams there was once
A child who lived in the woods.
One day he observed curious and feverish
Another child, from the city,
Absorbed by his coloring book.
Immediately he set to work,
He borrowed all the blues of the sky
The yellows and oranges of the sun
And colored the sculpted figures
On the trees of the enchanted forest.

Le train des Dalits / Dalit’s train

Gérard Touren / photographe

Gerard Touren est un photographe indépendant basé à Paris. Il photographie le quotidien, le banal, l’insignifiant, le plus souvent au travers de portraits de rue, pris aux détours des grandes capitales du monde.
Derrière un geste, une attitude, une pointe de lumière dans le regard, chacun peut lire les traits de notre humanité partagée.

Le train des Dalits

Dans la gare gigantesque de Delhi, des dizaines de trains, du Maharaja Express aux étourdissant trains locaux remplis à ras bord et jusque sur leur toit quittent les quais bondés pour des traversées aussi diverses et spectaculaires que l’est la société indienne. Parmi eux, Gérard Touren s’est arrêté sur les moins luxueux, les chair car de la classe générale (celle qu’empruntait Gandhi) et les visages de ceux qui viennent s’entasser dans ces wagons.
On se sent saisi par les expressions de ces figures, reflets d’une société restée sur le bas-côté du développement économique et riche d’une diversité et d’une profondeur rare. De jeunes enfants voyageant entassés sur des banquettes en bois avec leurs parents, des personnes âgées, des vendeurs ambulants et mêmes des animaux dans ce qui s’assimile à une arche de Noé sur rails. L’intensité de certains regards, l’éclat des couleurs et la contrition des corps pressés les uns contre les autres témoignent de la réalité de millions de voyageurs quotidiens et nous questionnent sur les divisions de la plus grande démocratie du monde.

Remerciements à Leica Camera France et l’AtelierShl, Arles

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Gérard Touren is an independent photographer from Paris. He photographs mundane and insignificant elements of the daily life, most often through street portraits shoot at the bend of the greatest capital cities of the world.
Behind this gesture, a behavior, a slight light in the eyes, everyone can read the features of our shared humanity.

Dalit’s train

In the massive station of Delhi, dozens of trains from the Maharaja Express to the stunning local trains, filled to the brim and up to their roof leave the crowded platforms for journeys as much various and spectacular as the country’s population. Among them, Gérard Touren stopped in front of the less luxurious ones, the chair cars of the general class (the one Gandhi used to travel with) and the faces of those who come crowding on its busy benches. One feels seized by the facial expression of these figures, these glints of a society who stayed aside of economic growth but remained rich of a rare diversity and depth. Some young children with the parents, travelling on wooden chairs. Some more ancient people. Some sellers walking up and down the trains or even some animals in what looks like a Noah’s ark. The intensity of some gazes, the colors’ shine and the bodies contrition of people compressed against one another testify of the daily reality experienced by millions of people and question us about the inequities of the world’s greatest democracy.

Thanks to Leica Camera France and AtelierShl Arles

©gerardtouren

©gerardtouren

Vibrations

Daniel Robles / photographe

J’ai grandi dans les vallées centrales d’Oaxaca là où se rencontrent à 1555 mètres d’altitude deux des grandes sierras mexicaines.
Nous, les habitants de cette région, sommes les descendants de l’ancien peuple zapotèque.
Dans ce paysage, nous nous trouvons suspendus entre le ciel et la terre, la vie et la mort, l’ombre et la lumière. Ces dualités sont ancrées dans nos attitudes, notre mode de vie et ont profondément affecté mon attention en tant que photographe: je m’efforce de créer des liens entre différentes contradictions comme la présence de couleurs ou leur absence, l’obscurité et la lumière ou encore l’espace vide et occupé, etc pour tenter de les unifier.

Cet ensemble d’images est inspiré du poème d’Octavio Paz, Hymne parmi les ruines (1948)

Voir, toucher des formes belles, quotidiennes.
Dardante,ailée, bourdonne la lumière.
Cette tache de vin a une odeur de sang.
Comme le corail ses branches dans l’eau,
j’étends mes sens dans l’heure vive :
l’instant s’accomplit dans une jaune, harmonie,

Ô midi, épi lourd de minutes,
coupe d’éternité!

Mes pensées bifurquent, serpentent, s’entrelacent,
recommencent et s’immobilisent enfin,
fleuves qui jamais ne débouchent,

delta de sang sous un soleil sans crépuscule.
Tout doit-il donc finir dans ce clapotis d’eaux mortes ?

Jour, rondeur du jour,
lumineuse orange aux vingt-quatre quartiers ,
tous traversés d’une même douceur jaune !
L’intelligence enfin s’incarne,
les deux moitiés ennemies se réconcilient,
et la conscience-miroir se liquéfie,
redevient fontaine, source de fables :
Homme, arbre d’images,
paroles qui sont fleurs qui sont fruits qui sont actes.

Traduit de l’espagnol par Jean-Clarence Lambert
in, Octavio Paz : « Liberté sur parole » 1966

Ver, tocar formas hermosas, diarias.
Zumba la luz, dardos y alas.
Huele a sangre la mancha de vino en el mantel.
Como el coral sus ramas en el agua
extiendo mis sentidos en la hora viva:
el instante se cumple en una concordancia amarilla,
¡oh mediodía, espiga henchida de minutos,
copa de eternidad!

Mis pensamientos se bifurcan, serpean, se enredan, recomienzan,
y al fin se inmovilizan, ríos que no desembocan,
delta de sangre bajo un sol sin crepúsculo.
¿y todo ha deparar en este chapoteo de aguas muertas?

¡Día, redondo día,
luminosa naranja de veinticuatro gajos,
todos atravesados por una misma y amarilla dulzura!
La inteligencia al fin encarna,
se reconcilian las dos mitades enemigas
y la conciencia-espejo se licúa,
vuelve a ser rúente, manantial de fábulas:
Hombre, árbol de imágenes,
palabras que son flores que son frutos que son actos.

(1948)

Daniel Robes

© Daniel Robes

Disarray

Pendhore / photographe

Photographe autodidacte, c’est après quelques années à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon et plusieurs voyages à travers le monde qu’une certaine obsession de la matière se développe dans l’imaginaire de Pendhore. Jouant avec les textures, les échelles, la perception, chaque photographie cherche à affranchir le spectateur du réel et interpeller nos sens, comme une passerelle nous permettant de ressentir l’équilibre entre l’instant présent et l’onirisme que procurent nos émotions.

Le projet Disarray (« Confusion ») est une ode à la complexité et l’imperceptibilité du mouvement de l’eau. Ce mouvement unique et imparfait, aussi perpétuel qu’infime, ce mouvement chaotique, cette force indomp-table, fascinante, que le hasard ne cesse inlassablement de sculpter.
Ces mouvements convulsifs capturés en Europe et en Amérique Centrale sont un appel à expérimenter l’immobilisme, à ressentir le moment présent, détaché de nos pensées et du torrent confus qui nous entoure.
Prendre conscience.
La fixation du temps, de l’espace et de la matière exprimée à travers ces œuvres, invite à la contemplation, la sérénité. Il s’agit non pas seulement de voir, mais comprendre, discerner, s’ouvrir à cet instant suspendu où se mêlent les sens et les paradoxes.
S’abandonner.
S’affranchir du papier, pénétrer l’imaginaire et se perdre dans les contrastes, les courbes abstraites. Puis faire corps, créer une intimité avec cette inlassable énergie pour enfin laisser son propre lyrisme s’égarer douce-ment dans les profondeurs de cette danse si délicate.
Transcender.

 

pendhore

©Pendhore

Église des Trinitaires

32 rue de la République
13200 Arles